Opérations Extérieures
PARTICIPATION DU GABON AUX OPERATIONS EXTERIEURES
Le Gabon a adhéré à trois organisations habilitées à conduire des opérations de maintien de la paix : l’Organisation des Nations Unies (ONU, 1960), l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, 1963) puis l’Union Africaine (UA, 2002) et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC, 1983).
Le Gabon a toujours privilégié la voie diplomatique pour le règlement pacifique des différends des conflits en Afrique et à la Commission de médiation, de conciliation et d’arbitrage de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) puis de l’Union africain. Pour cela, notre pays s’est beaucoup investi dans la résolution des conflits en offrant ses bons offices.
C’est à partir des années 1990 que le Gabon participe aux opérations de soutien à la paix en engageant des troupes ou des observateurs, en Afrique en général et en République Centrafricaine en particulier sous l’égide des Nations unies, de l’Union africaine, de la CEEAC et la CEMAC.
Dans ces différentes missions, les Forces de Défense Gabonaises ont effectué les tâches classiques des opérations de paix : le désarmement des mutins ; la sécurisation des institutions, des installations et des localités ; la supervision des élections et de la distribution de l’aide humanitaire ; la restructuration des forces armées ; la supervision des opérations de Désarmement, Démobilisation et de Réintégration (DDR) ; l’observation du respect des accords de cessez-le-feu par les parties signataires.
LES MISSIONS D’OBSERVATION
Burundi : Mission Africaine au Burundi (MIAB) - opération des nations unies au Burundi (ONUB)
Les militaires gabonais sont intervenus au sein de la Mission Africaine au Burundi (MIAB) créée par l'Union africaine le 3 février 2003. De 2004 à avril 2006, la mission a compté 2 345 militaires, 78 observateurs (dont 10 gabonais), 13 policiers.
L'Opération des Nations unies au Burundi (ONUB) a été constituée en application de la résolution 1545 du 21 mai 2004 afin d'établir une paix durable et la réconciliation nationale prévus par l'Accord d'Arusha pour la paix au Burundi signé le 28 août 2000 sous l'égide de Nelson Mandela pour tenter de mettre fin à la Guerre civile burundaise débutée en 1993. L’opération comptait 200 observateurs. La Mission de l'ONUB a pris fin le 1er janvier 2007.
Soudan : La Mission des Nations unies au Soudan (MINUS)
La Mission des Nations unies au Soudan ou MINUS a été créée par la résolution 1590 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 24 mars 2005, en réponse à la signature de l'accord de paix global du 9 janvier 2005 entre le gouvernement soudanais et le Mouvement de libération du peuple soudanais, par l'assistance humanitaire, la promotion des droits de l'homme et à appuyer la mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS).
Darfour : la mission conjointe des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (MINUAD)
La mission conjointe des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (MINUAD) a été créée par la résolution 1769 du Conseil de sécurité des Nations unies, ayant pour but de rétablir la paix à l'ouest du Soudan, dans la province du Darfour.
Cette mission consiste en l'envoi d'une force de 27 000 hommes, dont 7000 policiers, soit la plus grande mission de l'ONU. Cette force a été mise en place en juillet 2007 et s'est déployée dans la région en octobre 2007.
RCA/Tchad : La Mission des Nations unies en République Centrafricaine et au Tchad (MINURCAT)
La Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) a été créée le 25 septembre 2007 par la résolution 1778 du Conseil de sécurité des Nations unies en vue de contribuer à la protection des civils, la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit ainsi qu’à la promotion de la paix régionale.
Le 14 janvier 2009, le Conseil de sécurité adopte la résolution 1861 autorisant le déploiement d’une composante militaire de la MINURCAT pour succéder à la force militaire de l’Union Européenne, l’EUFOR Tchad/RCA, dont le mandat s’achevait.
Le 25 mai 2010, le Conseil de sécurité adopte la résolution de 1923, révisant le mandat de la Mission en soulignant la nécessité de coopérer avec le Gouvernement du Tchad en vue de consolider les progrès réalisés jusqu’à présent et aider celui-ci à élaborer une stratégie visant à assurer leur durabilité après le départ de la MINURCAT, à partir du 31 décembre 2010.
Le commandant-major Jean Bernard Nguema Bilong, observateur gabonais militaire au sein de la MINURCAT, était aussi conseiller du Représentant du Secrétaire Général de l’ONU pour cette mission (2008-2009). Le lieutenant colonel Guy Claude Ndong Edou fut quant à lui Représentant de la MINURCAT à Bangui et également officier de liaison entre la Bureau des Nations Unies en RCA (BONUCA), les Forces Armées Centrafricaines (FACA) et la MICOPAX (2009-2010).
Guinéé-Bissau
Dans cette collaboration avec l’ONU, les militaires gabonais ont servi auprès des Représentants du Secrétaire général. Ainsi, le colonel Alioune Ibaba et le contre-amiral Ignace Martin Mavoungou furent conseillers militaires du Représentant du Secrétaire général et Chef du Bureau d’appui des Nations unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau de 1999 à 2003.
MISSIONS AVEC TROUPES
La première participation du Gabon dans une force militaire régionale de l’OUA a eu lieu en juin 1978 dans la province minière du Shaba dans l’ex-Zaïre, avec une compagnie commandée par le capitaine Edouard Nkili Edjo. Cette Force avait pour mandat de rétablir l’ordre. Cependant, c’est en RCA que les troupes gabonaises ont été engagées sans discontinuer jusqu’à ce jour, dans toutes les opérations de Soutien à la Paix.
République Centrafricaine :
- Mission interafricaines de surveillance des accords de Bangui (MISAB)
La première opération fut la MISAB (sous l’égide de l’OUA) qui avait pour mission principale de veiller à l’application des Accords de Bangui et de procéder aux désarmements des mutins et autres milices, aura comme contributeurs outre le Gabon, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le Sénégal et le Togo.
Profondément préoccupé par la dégradation de la situation socio-politique et par ses conséquences pour la région, le sommet France-Afrique, tenu en décembre 1996, avait demandé aux Présidents du Gabon, du Burkina FASO, du Mali et du Tchad, de se rendre à Bangui pour négocier une trêve entre les forces loyales et les mutins, trêve qu'ils ont réussi à obtenir après d'intenses négociations.
Conformément aux termes de l'accord conclu lors de la Conférence de concertation et de dialogue tenue à Bangui du 11 au 16 janvier 1997, les chefs d'Etat mandatés avaient décidé de créer, à compter du 31 janvier 1997, une force interafricaine en République centrafricaine (MISAB) à laquelle contribuèrent en troupes outres les pays cités ci-dessus, mais également, le Sénégal et le Togo.
Le 8 février 1997, la MISAB fut déployée à Bangui, composée au total de 800 militaires et placée sous le commandement militaire du Gabon avec le soutien logistique et financier de la France. Après analyse de la situation intérieure et au vu de la recrudescence de la crise, l’Organisation des Nations Unies, tout en félicitant l’initiative africaine, autorisa le maintien de la Force par la Résolution 1125 du Conseil de Sécurité, le 6 août 1997.
- Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINURCA)
Se basant sur les recommandations du Secrétaire Général, le Conseil de sécurité, par sa résolution 1159 (1998) en date du 27 mars 1998, décida d'établir la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINURCA), avec effet au 15 avril 1998. En plus des missions classiques de restauration de la paix, la MINURCA aura comme autre mission de soutenir l’organisation des élections législatives de 1998.
Le Gabon maintient son leadership dans cette mission de paix, qui va être renforcée par la présence de 11 Etats. Soulignons que le général Barthélemy Ratanga du Gabon a commandé la MINURCA et assumé également la fonction de chef de mission au sein de cette opération (1998-2000).
L’accalmie observée au début des années 2000 a entrainé le désengagement de la MINURCA.
- Force multinationale en Centrafrique (FOMUC)
La Force multinationale en Centrafrique (FOMUC) a été mise en place en décembre 2002 par la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) pour lutter contre l'instabilité chronique en Centrafrique. Le protocole relatif au mandat et au statut de la FOMUC est signé par les Chefs d’Etat de la CEMAC, le 3 juin 2003.
La FOMUC, dont la création était avant tout une initiative du Gabon, avait pour mandat initial d'assurer la sécurité du président Ange-Félix Patassé, de restructurer les forces armées et de surveiller le travail des patrouilles mixtes le long de la frontière avec le Tchad.
Elle soutient l'organisation du processus électoral qui débouchera sur la tenue de plusieurs scrutins en 2005.
Au plus fort de sa présence, la mission militaire atteint 380 soldats du Gabon, de la République du Congo, du Tchad et du Cameroun.
La FOMUC aura pour mission supplémentaire d’accompagner le processus de transition en vue de la réconciliation nationale et d’instruire les Forces Armées Centrafricaines. Le mandat de la FOMUC est prorogé pour une durée de 6 mois, du 1er janvier 2008 au 30 juin 2008.
Suite à la décision des Chefs d’Etat et de Gouvernements réunis à Brazzaville, fin décembre 2007, la CEMAC transfère, pour des raisons de cohérence légale les responsabilités de la FOMUC à la CEEAC et prend alors le nom de Force multinationale de l'Afrique centrale (FOMAC), le 12 juillet 2008, dans le cadre de la (MICOPAX).
Notons que toutes les opérations effectuées en Centrafrique de 1997 à 2008 n’ont eu pour commandants que des officiers gabonais : trois (3) pour la MISAB, un (1) pour la MINURCA et quatre (4) pour la FOMUC.
La Mission de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX) est une mission de la Force Multinationale des États d'Afrique Centrale (FOMAC), sous l'égide de la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale (CEEAC) pour assurer la sécurité des populations de la République Centrafricaine. Mise en place le 12 juillet 2008, elle a pris fin le 15 décembre 2013.
Lors de la troisième guerre civile de Centrafrique débutée en 2013, les forces de la MICOPAX ont joué un rôle de protection des civils lors de la bataille de Bossangoa.
La MICOPAX prend fin le 15 décembre 2013, remplacée par la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), pilotée par l'Union africaine, qui sera à son tour remplacée par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) le 15 septembre 2014.
La MISCA est une mission de maintien de la paix en République centrafricaine impulsée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le 19 juillet 2013 pour succéder à la mission de consolidation de la paix n Centrafrique (MICOPAX).
Elle fait suite à la montée de la violence en république centrafricaine depuis le coup d'État en 2013 et sera réaffirmée par la résolution 2121 du conseil de sécurité des Nations unies. La mission se déploie à partir du 19 décembre 2013 sous la houlette de l'Union africaine et avec le soutien militaire de la France.
Il est à noter que le colonel Patrice Ostangue Bengone de la Gendarmerie Nationale a commandé la composante police de la MISCA qui est succédée le 15 septembre 2014 par la MINUSCA.
- Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA)
La MINUSCA est créée le 10 avril 2014 par la résolution 2149 du Conseil de sécurité des Nations unies suite à la guerre civile qui sévissait en Centrafrique. Suite aux massacres commis le 15 novembre 2018 contre un camp de réfugiés à Alindao, la MINUSCA est autorisée à prendre toutes les mesures requises pour s'acquitter du mandat de : stabilisation de la situation dans les principales agglomérations et contribution au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays.
Le Conseil de sécurité a renouvelé, jusqu’au 15 novembre 2021, le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), tout en le renforçant, notamment dans l’appui que la Mission fournit au processus de paix dans le pays.